RN

Lectures

Fiche de lecture

La Peur du peuple - Histoire de la IIème République. 1848-1852

La Peur du peuple Histoire de la IIème République. 1848-1852 Marie-Hélène BAYLAC Éditions Perrin, Paris, 2022

Histoire

 

Fiche de lecture

Le Modèle occidental de la guerre

Le Modèle occidental de la guerre Victor Davis Hanson Éditions Les Belles Lettres, Paris, 1990

Histoire

 

Fiche de lecture

Au Cœur du grand déclassement - La fierté perdue de Peugeot-Sochaux

Jean-Baptiste FORRAY Éditions du Cerf, Paris, 2022

Observations sociologiques

 

Fiche de lecture

Le Vote - Approches sociologiques de l’institution et des comportements électoraux

Patrick LEHINGUE Éditions La Découverte, Paris, 2011

Observations sociologiques

 

Fiche de lecture

Le Rêve de l’assimilation - De la Grèce antique à nos jours

Raphaël DOAN Éditions Passé Composé, Paris, 2021

Histoire

 

Fiche de lecture

Une Union européenne…vraiment européenne ?

L’Union européenne prétend aujourd’hui représenter, au plan historique, politique et économique, l’unité des nations du continent européen. Dans l’histoire, plusieurs projets ont été proposés par des dirigeants politiques, des juristes, des intellectuels pour unifier le continent européen sous un même et seul vocable.

Jean-Lin LACAPELLE

Député européen au sein de la délégation RN du groupe Identité et Démocratie  

Fiche de lecture

OUI AUX JEUX OLYMPIQUES ET PARALYMPIQUES DE 2024, MAIS SECURISES !

Dans un an, la France aura l’immense honneur d’accueillir les Jeux Olympiques et Paralympiques 2024, 130 ans après leurs réhabilitations par les Français.

Jordan GUITTON

Député de la première circonscription de l’Aube  

Fiche de lecture

Le RN réhabilite le peuple en politique

Tout à la fois symptôme, cause et conséquence de la crise de la démocratie représentative, l’abstention s’enracine progressivement dans les mœurs politiques contemporaines. Aussi atteint-elle des records aux élections municipales ainsi que régionales et se manifeste avec une plus grande acuité lors des élections présidentielles de 2022. Lors des soirées électorales télévisées, le peuple surgissait alors comme par enchantement des sujets en discussion, puis retombait dans l’oubli aussitôt les élections terminées. Dans ce contexte, l’arrivée massive de députés du Rassemblement national à l’Assemblée ne pouvait que redonner vie à la chambre basse, jusque-là réduite à l’état de « fossile du débat démocratique » ou de malheureuse « chambre d’enregistrement » de la volonté présidentielle. De fait, les intérêts du peuple ne pouvaient que s’effacer devant ceux des mondialistes. À la suite de plusieurs décennies de dérégulations des domaines régaliens par l’Union européenne, de destruction des frontières, de spéculations et de promotion d’un individualisme radical dans la gestion de la vie quotidienne, la réalité de l’abîme effrayant du « chacun pour soi » frappe tristement l’hexagone. Réalité criante, navrante, douloureuse ; résultat de longues années de politique destructrice du socle de notre histoire commune, de notre patrie et de notre souveraineté. L’heure est pourtant à la négation des faits. À rebours de cette France « start-up Nation » qui nous avait été promise, les faits démontrent un record de faillites d’entreprises jamais enregistré depuis 1996. À rebours de cette France du « rêve de devenir milliardaire » chez les élèves de maternelle – un rêve fantasmé par Emmanuel Macron en 2015 –, les faits indiquent une pénurie de dolipranes et d’antibiotiques pour les très jeunes enfants. À rebours de cette « France unie », les faits révèlent une profonde entreprise de déconstruction culturelle et pas moins de 3287 atteintes à la laïcité en seulement 180 jours d’école, alors même que 78% des Français considèrent ce principe comme inhérent à l’identité de la France. Ce n’était pas tout. Désormais, ils s’attaquent à notre système social. Dans ce contexte, l’opposition à la réforme des retraites par 94% des actifs, la volonté de préserver notre système par répartition hérité du CNR est le symbole du réveil du Peuple français, celui du refus de l’individualisation, de la privatisation, de tout ce qui fait notre identité et notre héritage commun. Il est le reflet de la solidarité nationale, où les actifs paient les retraités, où les jeunes soutiennent les Anciens, où la Nation est en définitive une grande famille unie et fraternelle. Nous le savons, le décalage de l’âge de départ à la retraite imposé par le gouvernement se traduira inexorablement par une baisse des pensions en raison de l’explosion des décotes, une augmentation des dépenses sociales, de chômage, de RSA ou de santé, là où interviendront alors les fonds de pensions privés et autres gestionnaires d’actifs bien souvent étrangers pour proposer des retraites complémentaires et autant de cotisations privées qui échapperont à notre système national. Les multinationales ont un objectif clair, qui est de désagréger notre trésor national et les 345 milliards d’euros sur lequel repose notre système des retraites. L’opposition quasi-unanime à cette réforme des retraites témoigne pourtant d’une volonté plus profonde du Peuple français au sein de notre société : celle de se réapproprier notre patrimoine commun. Face à l’explosion des prix énergétiques, le Peuple manifeste sa volonté de mettre un terme au démantèlement de ce qui faisait l’excellence du peuple français, du nucléaire, de se réapproprier nos barrages hydrauliques et de décorréler le prix du gaz de celui de l’électricité en érigeant à nouveau EDF comme un monopole énergétique. Face à l’explosion du prix des tickets de péages, le Peuple affirme sa volonté de reconquérir nos infrastructures amorties depuis longtemps par nos générations précédentes, plutôt que d’enrichir davantage les actionnaires des gestionnaires privés d’autoroutes en payant doublement la dégradation de nos routes nationales et départementales. Face à l’effondrement de notre système de santé, le Peuple affiche sa volonté de se réapproprier notre système solidaire en augmentant de 10 points le salaire des soignants pour rattraper la moyenne de l’OCDE ou en luttant contre les fraudes sociales, notamment en établissant la carte vitale biométrique pour lutter contre les 10 millions de fausses cartes qui circulent. Face à l’étranglement fiscal, le Peuple exprime sa volonté de lutter contre la fraude fiscale des puissants et palier cette injustice consistant à faire supporter le poids de mauvaises politiques à la France du travail et à ses forces vives. Face à la ruine de notre système judiciaire, le Peuple souhaite s’opposer à la suppression des jurys populaires et redorer des décisions pénales prononcées au nom du Peuple français, à l’heure où 91% des Français considèrent que notre justice est trop peu sévère. L’épisode des Gilets Jaunes a eu le mérite de rappeler que le peuple existe et qu’il est, conformément à l’article 3 de notre Constitution, le seul Souverain. Que la Nation repose sur lui. Qu’il aspire à se faire entendre. La situation actuelle fait aussi apparaître l’interconnectivité des citoyens, l’inter-conscientisation du peuple face aux pénuries et la nécessité de se réapproprier nos biens communs : de l’énergie face aux 12 millions d’entre nous qui n’arrivent plus à se chauffer, des boulangeries qui n’arrivent plus à faire cuire nos baguettes, de l’eau face à des agriculteurs inquiets, des infrastructures, de la mobilité qui nous lient les uns aux autres, de l’accès à internet pour tous, de la protection du génie français face aux ingérences étrangères et à la trahison de nos élites. Elle fait également apparaître l’urgence à lutter contre la dépossession programmée par le gouvernement du prochain débat relatif à l’immigration, à l’heure où l’immigrationniste patenté, Thierry Tuot, est nommé à la tête de la section « Intérieur » du Conseil d’État. Dans cette phase de réappropriation du pays par le Peuple, les députés du Rassemblement national souhaitent lui redonner la voix et le dernier mot sur l’ensemble des politiques majeures, civilisationnelles comme sociales. Ainsi s’explique la motion référendaire déposée lors du débat des retraites. Ainsi s’éclaire également notre proposition lors des élections présidentielles de favoriser les référendums en matière d’immigration ou d’environnement. Car la crise de la démocratie représentative ne pourra être surmontée sans le Peuple. Elle le sera encore moins contre lui.

Andréa KOTARAC

Assistant parlementaire  

Fiche de lecture

LA FIN DE LA MONDIALISATION LIBÉRALE : ENTRE RÉALITÉ CONCRÈTE ET UTOPIE NÉCESSAIRE

La crise globale provoquée par la pandémie de Covid-19, la tension croissante entre Pékin et Washington ou encore les répercussions mondiales de la guerre d’Ukraine ont fait fleurir les titres de presse annonçant ou interrogeant la « fin de la mondialisation ». En cause notamment : les interruptions, les blocages ou les ralentissements de certaines chaînes de valeurs mondiales, à savoir la fragmentation géographique du processus de conception, production, commercialisation et livraison d’un bien ou d’un service.

Pierre-Romain THIONNET

directeur national du Rassemblement National de la Jeunesse (RNJ)  

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LES DEUX FACES DU GAUCHO-MACRONISME

S’il est un fait que les leaders de la France insoumise n’aiment pas se voir rappeler, c’est leur appel plus ou moins explicite à voter pour Emmanuel Macron au second tour de [l’élection présidentielle de 2022](https://www.ouest-france.fr/elections/presidentielle/presidentielle-pas-une-voix-pour-marine-le-pen-demande-jean-luc-melenchon-d46ece44-b8fd-11ec-bd14-a849d20f46a4#error=login_required&state=e01ff727-2f20-44d0-b5f7-ebd43419694a). Du côté de leurs alliés au sein de la NUPES, communistes, socialistes et écologistes, la chose est davantage assumée, quand elle n’est pas revendiquée. On verra ainsi la gauche toute entière réclamer des concessions sur la réforme des retraites au motif que Macron leur devrait son élection ! Cette attitude frôlerait le ridicule si ne se jouait pas quelque chose de plus profond, une affinité multiforme, une compatibilité, voire une complicité, entre la gauche et le pouvoir actuel. Un phénomène que l’on pourrait appeler, en s’inspirant d’un autre, le **gaucho-macronisme**. Depuis près de trente ans, en effet, la sociologie politique française débat de l’existence et de l’étendue d’un supposé « gaucho-lepénisme », selon la [formule du professeur Pascal Perrineau](https://hal-sciencespo.archives-ouvertes.fr/hal-03398664). A partir de l’élection présidentielle de 1995, ce politologue note la présence dans l’électorat lepéniste de nombreux électeurs de gauche déçus, qui pour certains se disent néanmoins toujours de gauche, et qui parfois votent à gauche au second tour après avoir porté leur suffrage au Front national au premier. Aujourd’hui, avec la double qualification de Marine Le Pen au tour décisif, on pourrait inverser le propos en rappelant que parmi ceux ayant choisi Jean-Luc Mélenchon le 10 avril 2022, [20% ont voté pour la candidate du Rassemblement national deux semaines plus tard](https://www.ipsos.com/fr-fr/presidentielle-2022/second-tour-profil-des-abstentionnistes-et-sociologie-des-electorats). Voici pour le gaucho-lepénisme, voyons maintenant un autre hybride, plus actuel. A l’heure où la NUPES défile contre la réforme des retraites et invective les ministres, rejouant l’opposition de la gauche contre Nicolas Sarkozy lors du précédent report de l’âge légal du départ en retraite, en 2010, il paraît utile de rappeler que par bien des aspects la gauche n’est pas l’opposé du macronisme mais en partie son origine et son allié. Il ne s’agit pas ici de suggérer qu’Emmanuel Macron serait « de gauche » et ceci pour la bonne et suffisante raison qu’il ne se prétend pas tel. Par ailleurs, la droite libérale continue à irriguer les rangs gouvernementaux et à soutenir électoralement le pouvoir en place. Cependant, par son libéralisme culturel comme par ses choix concrets, la gauche apporte son écot idéologique au bloc élitaire dont Emmanuel Macron constitue la figure de proue. Avant d’évoquer ce point, s’impose la distinction entre deux formes politiques convergentes mais formellement opposées, le gaucho-macronisme intégré et le gaucho-macronisme d’appoint, ou si l’on préfère Élisabeth Borne et Jean-Luc Mélenchon. ## Le gaucho-macronisme intégré Il faut revenir ici à une évidence dont le souvenir s’estompe. Lorsque Macron assume son ambition présidentielle, dans son discours du 12 juillet 2016 à la Mutualité, il occupe la fonction de ministre de l’Économie d’un gouvernement de gauche. Auparavant, il a été secrétaire général adjoint de l’Élysée au service de François Hollande, lequel a été Premier secrétaire du Parti socialiste durant onze ans. Après son élection, Macron s’entoure de figures socialistes qui le serviront sans états d’âme. Ainsi, la répression des Gilets jaunes sera menée sur le plan policier par Christophe Castaner, ancienne tête de liste socialiste en PACA, et sur le plan judiciaire par Nicole Belloubet, adhérente socialiste durant trente ans et à ce titre ancienne vice-présidente du conseil régional de Midi-Pyrénées. Élisabeth Borne, qui fut directrice de cabinet de Ségolène Royal au ministère de l’Écologie, se situe dans la même mouvance. Le gaucho-macronisme intégré ne fait pas de doute au niveau des ex-élites socialistes. Les exemples abondent dans la sphère gouvernementale comme parmi les cadres du parti ou les membres du groupe parlementaire. Les anciens rocardiens ou strauss-kahniens en forment les principaux contingents, mais le soutien résolu de Jean-Pierre Chevènement à Macron montre qu’il s’agit d’une inclination largement partagée. Elle est aussi le fait de la base socialiste, c’est-à-dire de ses anciens électeurs. Selon Opinionway, lorsque le 23 avril 2017 Macron se qualifie pour le second tour, il a bénéficié du suffrage de 42% des électeurs ayant choisi Hollande lors du premier tour de 2012. Plus largement, sur 100 électeurs ayant choisi Macron au premier tour de 2017, 51% avaient voté à gauche cinq ans plus tôt contre 21% à droite et 19% au centre. Si l’on considère cette fois le vote Macron en 2017 par rapport au second tour de 2012, [63% des électeurs macronistes avaient alors choisi Hollande et 25% seulement Sarkozy](https://www.opinion-way.com/images/blogs/Macron_a_t-il_perdu_sa_gauche.pdf). Contrairement à ce que l’agitation de la NUPES pourrait laisser penser, ce phénomène perdure. Dès le premier tour de la présidentielle, [29% des sympathisants actuels du Parti socialiste ont voté Macron](https://www.ipsos.com/fr-fr/presidentielle-2022/1er-tour-abstentionnistes-sociologie-electorat). À la rentrée, en septembre 2022, 55% de ces sympathisants socialistes déclaraient à l’institut BVA avoir une « bonne opinion d’Emmanuel Macron comme président de la République », ce qui étaient aussi le cas de 45% des sympathisants d’Europe-Écologie-Les-Verts. Au même moment, en ce qui concernait Élisabeth Borne, ces chiffres étaient respectivement de 71% et de 55%. Au-delà des stratégies personnelles des dirigeants socialistes et écologistes, ils doivent donc compter avec une base qui n’est pas vraiment sûre d’être dans l’opposition. Il en va différemment pour la France insoumise, mais l’attelage constitué pour les élections législatives, la NUPES, garantit sa modération finale derrière un rideau d’outrances. On donnera de cette duplicité une illustration largement passée inaperçue : en août 2022, après cinq ans de pouvoir de Macron et tandis que s’annonçait la réforme des retraites, la France insoumise tenait à Valence son université d’été, appelée « les amphis ». [Pas moins de trois ministres macronistes – Olivia Grégoire, Marlène Schiappa et Clément Beaune – y furent accueillis, et fort bien reçus](https://www.letelegramme.fr/france/des-ministres-dans-l-arene-de-la-france-insoumise-27-08-2022-13163966.php). On a connu opposition plus radicale. Il est vrai que deux de ces personnalités appartenaient quelques années auparavant au même camp que les députés supposément insoumis qui débattaient avec eux : la gauche. C’est pourquoi il faut parler ici de gaucho-macronisme intégré : si la gauche est aujourd’hui électoralement très affaiblie, c’est qu’elle est en grande partie associée au pouvoir. Par ses cadres qui ont rejoint la macronie, par ses sympathisants dont une partie substantielle approuve le pouvoir, par ses électeurs enfin qui choisissent dès le premier tour les candidats de celui-ci. Reste à considérer une autre forme de gaucho-macronisme, qui se maintient à l’extérieur du dispositif gouvernemental mais apporte au bloc élitaire un soutien vital lors des moments décisifs. ## Le gaucho-macronisme d’appoint La scène se déroule à Marseille dans la chaleur d’une soirée de fin d’été, le 8 septembre 2018, sur le Vieux Port. Y croisant de manière prétendument inopinée Mélenchon, Macron explique que le député du lieu n’est pas « son ennemi », à l’inverse du Front national. Cet échange intervient alors que depuis quelques mois la France insoumise a renoncé à sa ligne populiste au profit d’un retour vers la gauche, mouvement qui s’accompagne du départ de plusieurs personnalités souverainistes. « L’ennemi principal », comme l’on dit dans la mouvance trotskiste, est désormais clairement identifié : ce ne sera pas le pouvoir en place, mais une autre force d’opposition, le Front national. Le contraste entre l’attitude de Mélenchon le soir du premier tour en 2017 et en 2022 est éloquent : alors qu’il n’avait pas donné de consigne de vote la première fois, ce qui avait été compris comme une incitation à ne pas choisir entre Macron et Le Pen, le 10 avril dernier il n’a pas laissé place au doute : puisqu’il disait d’aller voter et qu’aucune voix ne devait aller à « l’extrême-droite » chacun y a entendu que ses électeurs devaient se reporter sur le président sortant. Seuls quatre sur dix l’ont fait, d’ailleurs, mais ainsi Mélenchon contentait le reste de la gauche et pouvait s’accorder avec elle sur des candidatures uniques pour les législatives. Ce point est essentiel : terriblement affaibli dans les urnes, la gauche dépend pour la survie de ses appareils d’une logique unitaire. [Avec 26% des suffrages exprimés au premier tour, la NUPES obtient, tous groupes confondus, 149 députés](https://www2.assemblee-nationale.fr/instances/liste/groupes_politiques/effectif). C’est considérable : pour ses composantes rassemblées, la progression globale en nombre de sièges est de 150% en cinq ans. Cette unité partisane efficace a une contrepartie, le soutien en dernière instance à Macron, via l’opposition absolue au Rassemblement national. La gauche paie donc son union par la division dans la défense des intérêts populaires. En termes imagés, pour que communie Nuit debout, il faut qu’elle se tienne à longue distance des Gilets jaunes. Le gaucho-macronisme d’appoint se construit ainsi. Chaque fois que le bloc élitaire sera réellement menacé, il pourra compter sur la gauche. À titre compensatoire, la NUPES nourrira un tumulte constant, dans l’Hémicycle, dans les médias, dans la rue, partout. L’excès verbal sera le pendant nécessaire de l’impuissance politique voulue. Les exemples abondent. Le 23 avril constitue évidemment le péché originel de cette gauche d’accompagnement, ses leaders ayant servi de serre-file au vote pour Macron. Ensuite, la NUPES ne cessera de se plaindre que Macron n’ait pas appelé à voter pour elle au second tour dans les circonscriptions où elle affrontait un candidat RN. Elle ne peut mieux avouer qu’elle attendait un « retour d’ascenseur » de celui qu’elle considère avoir fait élire. À l’Assemblée nationale, elle s’interdira ensuite de voter les textes présentés par le groupe RN, même lorsqu’ils sont la reprise des siens. Cette attitude apparemment absurde culminera dans son retrait de l’Hémicycle lorsqu’il faudra voter une motion référendaire sur la réforme des retraites, le 6 février 2023. On signalera également dans la même période l’élection législative dans la Marne, [où le candidat NUPES éliminé annoncera voter à titre personnel pour la candidate macroniste, favorable à la réforme, contre la candidat RN, qui lui est hostile](https://www.leparisien.fr/marne-51/legislative-partielle-dans-la-marne-face-a-face-entre-le-rn-et-la-candidate-macroniste-23-01-2023-TPC53W57URAUTB7NYDQNLXZWLQ.php). Même au cœur d’un mouvement social massif contre une mesure éminemment pénalisante pour les salariés modestes, la gauche choisit le soutien à Macron. Voici ce que je nomme le gaucho-macronisme d’appoint. ## Une logique à décrypter Le gaucho-macronisme se constate. Son existence est manifeste, sous ses deux versants. Il place ses représentants en tension permanente, les obligeant à une forme de schizophrénie dans leur rapport au bloc élitaire comme au peuple. Leur obstination à prétendre être les adversaires irréductibles du « système » et à qualifier le RN d’opposition « de confort », affirmations également absurdes, tient précisément au souci d’effacer les traces de leur soutien pratique à Macron. On a vu leur intérêt partisan à le faire, notamment pour des accords féconds aux législatives comme aux prochaines municipales. Il reste que cette entente électoraliste n’épuise pas le sujet. Si malgré tout un quart de l’électorat s’accommode de ce jeu, c’est bien qu’il accepte d’en être la dupe sans avoir, contrairement à ses élus, un intérêt pratique à le faire. Se pose ainsi la question des conditions idéologiques permettant au gaucho-macronisme de perdurer. Même si les électeurs populaires de la NUPES pourraient se lasser voire se retirer de cette combinaison, beaucoup d’autres trouvent cela très bien, notamment du côté des classes moyennes diplômées. Sans doute parce que l’on trouve des points de convergence évidents, par exemple sur la question de l’immigration[1]. De même, le libéralisme culturel offre de nombreuses passerelles entre ces deux camps formellement opposés sur l’échiquier partisan. Plus encore, si l’on considère que le bloc élitaire constitue un bloc historique au projet fondamentalement post-national, la radicalisation de la NUPES au sujet de l’identité nationale, désormais réduite à ses yeux au régime républicain, permet une convergence idéologique majeure entre Macron et Mélenchon. Partageant l’anthropologie libérale progressiste pourfendue par Jean-Claude Michéa[2] , ils n’ont pas un si grand chemin à faire pour s’accorder. Le gaucho-macronisme est un élément décisif du désordre politique permettant à un bloc élitaire qui déplaît à une majorité de Français de maintenir son pouvoir et de transformer le pays dans le sens de ses propres valeurs et intérêts. L’analyse de ses ressorts profonds constitue un enjeu majeur pour pouvoir modifier cet état de choses. Cet alliage entre l’ancien clivage et le nouveau montre que le processus de décantation de notre système partisan demeure inachevé. --- *[1] Voir le chapitre « L’immigration ou le renoncement de la France insoumise » dans Bloc contre bloc, Jérôme Sainte-Marie, éditions Le Seuil, 2019.* *[2] L’Empire du moindre mal, essai sur la civilisation libérale, éditions Flammarion, 2007.*

Jérôme SAINTE-MARIE

Sondeur & Essayiste