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Au Cœur du grand déclassement - La fierté perdue de Peugeot-Sochaux
Fiche de lecture

Au Cœur du grand déclassement - La fierté perdue de Peugeot-Sochaux

Observations sociologiques

 

Durant des décennies, pour les amateurs de football, le FC Sochaux et la marque Peugeot étaient indissociables. Le club de foot était, comme les Verts stéphanois, l’emblème et la fierté d’une cité ouvrière, populaire mais à sa façon prospère.

Que dit-il ?

Durant des décennies, pour les amateurs de football, le FC Sochaux et la marque Peugeot étaient indissociables. Le club de foot était, comme les Verts stéphanois, l’emblème et la fierté d’une cité ouvrière, populaire mais à sa façon prospère. Pourtant, à la première page de ce livre on découvre qu’en 2019 la directrice des partenariats de la firme au lion décline l’invitation de refinancer le FC Sochaux car, dit-elle, « le football, c’est un sport qui ne va pas trop avec nos valeurs. Il véhicule des valeurs populaires alors que nous on essaie de monter en gamme ». À partir de ce propos, Jean-Baptiste Forray entreprend de retracer toute l’histoire de ce club et de sa ville. Et aussi de la marque dont la première usine automobile fut fondée en 1012 et qui a fait de Montbéliard et Sochaux son univers. Dans la lignée des grandes dynasties du capitalisme français, la famille Peugot y a déployé son modèle, à la fois paternaliste et progressiste. Ce fut même le premier site industriel d’Europe avec 42 000 salariés… Rien d’idyllique ici - l’auteur nous rappelle l’âpreté des affrontements sociaux, aboutissant à la mort par balle de deux grévistes en 1968 – mais une activité porteuse d’emplois, de progression sociale et de prospérité nationale, cependant. Si le livre évoque ces grandes heures industrielles et sportives, il développe surtout la chronique d’un déclin économique. Il narre ainsi la rétraction de l’activité sous l’effet de sa délocalisation, la valse des repreneurs et les efforts rarement aboutis des élus pour sauvegarder leur territoire. On trouvera ici un portrait savoureux mais nuancé d’un éphémère député de la 4ème circonscription du Doubs, désormais président de la Cour des Comptes, le socialiste Pierre Moscovici.
La fin de l’ouvrage est triste. Les usines se sont repliées, la ville a littéralement rétréci, subventions et immigration familiale ont remplacé production et immigration de travail, les jeunes partent, et les habitants tentent courageusement de se maintenir à flot.

Qui l’écrit ?

Jean-Baptiste Forray est rédacteur en chef délégué de la Gazette des Communes, grand connaisseur des élus locaux et de la politique territoriale, auteur de plusieurs ouvrages.

Pourquoi le lire ?

L’histoire du FC Sochaux constitue une fractale du déclassement d’une culture populaire, d’une industrie, d’une ville, d’une région et finalement d’un pays, le nôtre.